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法语原版《小王子》阅读 Le petit Prince(10
作者:未知  文章来源:互联网  点击数  更新时间:2007-07-24 11:42:36  文章录入:admin  责任编辑:admin

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CHAPITRE X

Il se trouvait dans la région des astéroïdes 325, 326, 327, 328, 329 et 330. Il commença donc parles visiter pour y chercher une occupation et pour s'instruire.

La première était habitée par un roi. le roi siégeait, habillé de pourpre et d'hermine, sur untrône très simple et cependant majesteuex

-Ah! Voilà un sujet, s'écria le roi quand il aperçut le petit prince.

Et le petit prince se demanda:

-Comment peut-il me connaître puisqu'il ne m'a encore jamais vu!

Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets.

-Approche-toi que je te voie mieux, lui dit le roi qui était tout fier d'être roi pour quelqu'un.

Le petit prince chercha des yeux où s'asseoir, mais la planète était toute encombrée par lemagnifique manteau d'hermine. Il resta donc debout, et,

-Il est contraire à l'étiquette de bâiller en présence d'un roi, lui dit le monarque. Je te l'interdis.

-Je ne peux pas m'en empêcher, répondit le petit prince tout confus. J'ai fait un long voyage et jen'ai pas dormi...

-Alors, lui dit le roi, je t'ordonne de bâiller. Je n'ai vu personne bâiller depuis des années. lesbâillements sont pour moi des curiosités. Allons! bâille encore. C'est un ordre.

-Ca m'intimide... je ne peux plus... fit le petit prince tout rougissant.

-Hum! Hum! répontit le roi. Alors je... je t'ordonne tantôt de bâiller et tantôt de...

Il bredouillait un peu et paraissait vexé.

Car le roi tenait essentiellement à ce que son autorité fût respectée. Il ne tolérait pas ledésobéissance. C'était un monarque absolu. Mais comme il était très bon, il donnait des ordresraisonnables.

"Si j'ordonnais, disait-il couramment, si j'ordonnais à un général de se changer en oiseau demer, et si le général n'obéissait pas, ce ne serait pas la faute du général. Ce serait ma faute."

-Puis-je m'asseoir? s'enquit timidement le petit prince.

-Je t'ordonne de t'asseoir, lui répondit le roi, qui ramena majestueusement un pan de sonmanteau d'hermine.

Mais le petit prince s'étonnait. la planète était minuscule. Sur quoi le roi pouvait-il bien reigner?

-Sire, lui dit-il... je vous demande pardon de vous interroger...

-Je t'ordonne de m'interroger, se hâta de dire le roi.

-Sire... sur quoi régnez-vous?

-Sur tout, répondit le roi, avec une grande simplicité.

-Sur tout?

Le roi d'un geste discret désigna sa planète, les autres planètes et les étoiles.

-Sur tout ça? dit le petit prince.

-Sur tout ça... répondit le roi.

Car non seulement c'était un monarque absolu mais c'était un monarque universel.

-Et les étoiles vous obéissent?

-Bien sûr, lui dit le roi. Elles obéissent aussitôt. Je ne tolère pas l'indiscipline.

Un tel pouvoir émerveilla le petit prince. S'il l'avait détendu lui-même, il aurait pu assister, nonpas à quarante-quatre, mais à soixante-douze, ou même à cent, ou même à deux cents couchersde soleil dans la même journée, sans avoir jamais à tirer sa chaise! Et comme il se sentait un peutriste à cause du souvenir de sa petite planète abandonnée, il s'enhardit à solliciter une grâce duroi:

-Je voudrais voire un coucher de soleil... Faites-moi plaisir... Ordonnez au soleil de se coucher...

-Si j'ordonnais à un général de voler une fleur à l'autre à la façon d'un papillon, ou d'écrireune tragédie, ou de se changer en oiseau de mer, et si le général n'exécutait pas l'ordre reçu, qui,de lui ou de moi, serait dans son tort?

-Ce serait vous, dit fermement le petit prince.

-Exact. Il faut exiger de chaqu'un ce que chaqu'un peut donner, reprit le roi. L'autorité reposed'abord sur la raison. Si tu ordonnes à ton peuple d'aller se jeter à la mer, il fera la révollution.J'ai le droit d'exiger l'obéissance parce que mes ordres sont raisonnables.

-Alors mon coucher de soleil? rappela le petit prince qui jamais n'oubliait une question une foisqu'il l'avait posée.

-Ton coucher de soleil, tu l'auras. Je l'exigerai. Mais j'attendrai, dans ma science dugouvernement, que les conditions soient favorables.

-Quand ça sera-t-il? s'informa le petit prince.

-Hem! Hem! lui répondit le roi, qui consulta d'abord un gros calendrier, hem! hem! ce sera, vers...vers... ce sera ce soir vers sept heures quarante! Et tu verras comme je suis bien obéi.

Le petit prince bâilla. Il regrettait son coucher de soleil manqué. Et puis il s'ennuyait déjà unpeu:

-Je n'ai plus rien à faire ici, dit-il au roi. Je vais repartir!

-Ne pars pas, répontit le roi qui était si fier d'avoir un sujet. Ne pars pas, je te fais ministre!

-Ministre de quoi?

-De... de la justice!

-Mais il n'y a personne à juger!

-On ne sait pas, lui dit le roi. Je n'ai pas fait encore le tour de mon royaume. Je suis très vieux, jen'ai pas de place pour un carrosse, et ça me fatigue de marcher.

-Oh! Mais j'ai déjà vu, dit le petit prince qui se pencha pour jeter encore un coup d'oeil surl'autre côté de la planète. Il n'y a personne là-bas non plus...

-Tu te jugeras donc toi-même, lui répondit le roi. C'est le plus difficile. Il est bien plus difficile dese juger soi-même que de juger autrui. Si tu réussis à bien te juger, c'est que tu es un véritablesage.

-Moi, dit le petit prince, je puis me juger moi-même n'importe où. Je n'ai pas besoin d'habiter ici.

-Hem! Hem! dit le roi, je crois bien que sur ma planète il y a quelque part un vieux rat. Jel'entends la nuit. Tu pourras juger ce vieux rat. Tu le condamneras à mort de temps en temps.Ainsi sa vie dépendera de ta justice. Mais tu le gracieras chaque fois pour économiser. Il n'y en aqu'un.

-Moi, répondit le petit prince, je n'aime pas condamner à mort, et je crois bien que je m'en vais.

-Non, dit le roi.

Mais le petit prince, ayant achevéses préparatifs, ne voulut point peiner le vieux monarque:

-Si votre majesté désirait être obéie ponctuellement, elle pourrait me donner un ordreraisonnable. Elle pourrait m'ordonner, par exemple, de partir avant une minute. Il me semble queles conditions sont favorables...

Le roi n'ayant rien répondu, le petit prince hésita d'abord, puis, avec un soupir, pris le départ.

-Je te fais mon ambassadeur, se hâta alors de crier le roi.

Il avait un grand air d'autorité.

"Les grandes personnes sont bien étranges", se dit le petit prince, en lui- même, durant sonvoyage.


CHAPITRE XI

La seconde planète était habitée par un vaniteux:

-Ah! Ah! Voilà la vistit d'un admirateur! s'écria de loin le vaniteux dès qu'il aperçut le petitprince.

Car, pour les vaniteux, les autres hommes sont des admirateurs.

-Bonjour, dit le petit prince. Vous avez un drôle de chapeau.

-C'est pour saluer, lui répondit le vaniteux. C'est pour saluer quand on m'acclame.Malheureusement il ne passe jamais personne par ici.

-Ah oui? dit le petit prince qui ne comprit pas.

-Frappe tes mains l'une contre l'autre, conseilla donc le vaniteux

.Le petit prince frappa ses mains l'une contre l'autre. Le vaniteux salua modestement en soulevantson chapeau.

-Ca c'est plus amusant que la visite du roi, se dit en lui même le petit prince. Et il recommença defrapper ses mains l'une contre l'autre. le vaniteux recommença de saluer en soulevant sonchapeau.

Après cinq minutes d'exercice le petit prince se fatigua de la monotonie du jeu :

-Et, pour que le chapeau tombe, demanda-t-il, que faut-il faire?

Mais le vaniteux ne l'entendit pas. les vaniteux n'entendent jamais que des louanges.

-Est-ce que tu m'admires vraiment beaucoup? demanda-t-il au petit prince.

-Qu'est-ce que signifie admirer?

-Admirer signifie reconnaître que je suis l'homme le plus beau, le mieux habillé, le plus riche etle plus intelligent de la planète.

-Mais tu es seul sur ta planète!

-Fais-moi ce plaisir. Admire-moi quand-même!

-Je t'admire, dit le petit prince, en haussant un peu les épaules, mais en quoi cela peut-il bien t'intéresser?

Et le petit prince s'en fut.

"Les grandes personnes sont décidément bien bizarres", se dit-il en lui-même durant son voyage.


CHAPITRE XII

La planète suivante était habitée par un buveur. Cette visite fut très courte, mais elle plongea lepetit prince dans une grande mélancolie:

-Que fais-tu là? dit-il au buveur, qu'il trouva installé en silence devant une collection debouteilles vides et une collection de bouleilles pleines.

-Je bois, répondit le buveur, d'un air lugubre.

-Pourquoi bois-tu? lui demanda le petit prince.

-Pour oublier, répondit le buveur

.-Pour oublier quoi? s'enquit le petit prince qui déjà le paignait.

-Pour oublier que j'ai honte, avoua le buveur en baissant la tête.

-Honte de quoi? s'informa le petit prince qui désirait le secourir.

-Honte de boire! acheva le buveur qui s'enferma définitivement dans le silence.

Et le petit prince s'en fut, perplexe

"Les grandes personnes sont décidément très très bizarres", se disait-il en lui-même durant le voyage.

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